24 novembre

Définitions

• Le multilatéralisme : la coopération entre plusieurs acteurs institutionnels dans le domaine international régie par des règles institutionnelles. Le multilatéralisme se confond avec l’histoire des organisations internationales.
• La Genève internationale : désigne l’ensemble des organisations internationales, ONG, missions diplomatiques, institutions académiques, acteurs de la société civile et du secteur privé basés à Genève, qui participent à faire de la ville un centre mondial de diplomatie multilatérale et de coopération internationale, reconnu comme un pôle d’expertise dans les domaines clés de la gouvernance globale.
  • Il s’agit donc ici d’un lieu où se déroule le multilatéralisme, mais c’est plus qu’un lieu géographique car il y aussi une dynamique globale.

Introduction et problématique

• Devant les conflits qui ravagent le monde, on peut légitiment se demander: à quoi sert l’ONU?
• La Paix d’Aristophane montre déjà que la paix se lit toujours en relation avec la guerre.
• Dans l’Antiquité, le philosophe Platon qualifiait déjà la paix de mirage : « Ce que la plupart des gens appellent paix n’est rien de plus qu’un nom ; en réalité, toutes les cités sont, par nature, toujours engagées dans une guerre non déclarée contre toutes les autres cités. » (Platon, Les lois, livre I. Paris, Flammarion, vol. I, 2006, p.65).
• Trois options pour arriver à la paix:
  1. un homme nouveau.
  2. des Etats réformés (des états qui ne souhaiteraient plus utiliser la guerre pour arriver à leurs objectifs politiques).
  3. une transformation de l’ordre international → l’ONU.

À travers le temps

Les outils du maintien de la paix

La réflexion sur les outils du maintien de la paix repose sur un triptyque :

1. Une organisation du système international qui garantit la sécurité des États : la sécurité collective.
2. le contrôle des armes, ou désarmement (objectif ultime de la sécurité collective).
3. la paix par le droit (arbitrage ou tribunal pénal).

Historique

• Les penseurs: le Duc de Sully, conseiller du roi de France Henri IV au 16ème siècle, Emeric de Crucé, William Penn et l’abbé de Saint Pierre au 17ème siècle, Emmanuel Kant qui publie Vers la paix perpétuelle en 1795 Jean-Jacques Rousseau au 18ème siècle.
• Le Concert européen (1815) constitue une première tentative de pacifier l’Europe. Il rassemble la Prusse, l’Autriche-Hongrie, la Russie, la France et l’Angleterre.
• Premières institutions internationales du 19ème siècle:
  • La Commission centrale pour la navigation du Rhin établie en 1815.
  • l’Union télégraphique internationale en 1865, l’Union postale universelle en 1878, l’Union sur les chemins de fer créée en 1890.

La Société des Nations (SdN)

• La Société des Nations est fondée en 1919 lors de la conférence de la Paix de Paris.
  • Art 10 : Les membres de la Société s’engagent à respecter et à maintenir contre toute agression extérieure l’intégrité territoriale et l’indépendance politique présente de tous les membres de la Société. En cas d’agression, de menace ou de danger d’agression, le Conseil avise aux moyens d’assurer l’exécution de cette obligation.
• Elle s’établit à Genève en 1920.
• Elle ne résiste pas aux coups de forces de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon pendant les années 1930. C’est l’échec de la sécurité collective. Il y avait même eu une grande conférence avec un énorme travail préparatoire à la SdN mais a échoué (désarmement Franco-Allemand, arrivée d’Hitler au pouvoir).
• Néanmoins ces échecs ont été transformés en leçons pour l’ONU.

L’Organisation des Nations Unies (ONU)

C’est une organisation sécuritaire mais aussi politique (lutte contre le fascisme).

• La création des Nations Unies ressemble à celle de la SdN :
  • toutes les deux ont été conçues pendant un conflit majeur et reflètent l’ordre mondial des vainqueurs.
  • dans les deux cas le poids du président américain est déterminant.
  • l’objectif est le même : créer une organisation qui permette d’assurer la paix par la sécurité collective.
• La continuité entre la SdN et l’ONU est très prégnante, sur trois grands axes en particulier:
  • En matière de production de normes (très important, des centaines de conventions internationales ont été développées sur divers domaines).
  • Nouvelle catégorie d’acteurs sur la scène internationale : les experts.
  • Contribution à la redistribution des cartes à l’intérieure des empires → la décolonisation.

L’histoire de l’ONU en cinq grandes périodes majeures

Le Conseil de sécurité : de la sécurité collective…

Le principe de la sécurité collective (SC)repose sur le chapitre VII de la charte des Nations Unies (plutôt mécanisme de sécurité collective hégémonique puisque les états du CdS décident à l’unanimité). Trois périodes dans la sécurité collective:

1. Période de guerre froide 1948-1991: le Conseil de sécurité est bloqué par la guerre froide.
   • Glissement des débats vers l’Assemblée générale (résolution Acheson en 1950 dans le cadre de la guerre de Corée).
2. Fin de la guerre froide et regain d’activités au sein du Conseil de sécurité: Somalie (1992), ex-Yougoslavie (1992-1995), Rwanda (1994), Haïti (1994), Zaïre (1996), Albanie (1997), Côte d’Ivoire (2003), Soudan (2007), Lybie (2011), Mali (2013), République centrafricaine (2013).
   • Glissement du concept de SC vers de nouveaux champs comme la responsabilité de protéger
3. Depuis 2010: le climat se redétériore en raison de la rivalité sino-américaine et de l’attitude de la Russie.

Exemple de diplomatie secrète de la part des secrétaires généraux

• En 1954, le Secrétaire général Dag Hammarskjöld a dit : Les Nations Unies n’ont pas été créées pour amener l’humanité au paradis mais pour la sauver de l’enfer.
• La crise des missiles de Cuba a été dénouée grâce, notamment, à la diplomatie préventive menée par le Secrétaire général de l’ONU d’alors, U Thant.

Aux opérations de maintien de la paix

• Les OMP : une pratique improvisée qui s’est transformée en politique publique multilatérale et est devenue une institution incontournable de l’ordre international. En effet, malgré ses défauts et ses limites il s’agit de l’instrument le plus efficace qu’a développé la communauté internationale pour gérer les conflits.
• Les OMP reposent sur trois principes:
  1. Le consentement de parties.
  2. L’impartialité.
  3. L’utilisation minimale de la force.
• Les missions d’observation: dès 1948 en Palestine.
• Les missions d’interposition: dès 1956 la FUNU chargé d’assurer la cessation des hostilités entre les forces égyptiennes et israéliennes (peacekeeping).
• Les missions de deuxième génération: 22 opérations entre 1988 et 1994, dont les principales en Afghanistan, entre l’Iran et l’Irak, en Angola, entre l’Iraq et le Koweït, au Sahara occidental, au Salvador, au Cambodge, au Mozambique, au Rwanda, en Géorgie, au Libéria et en Haïti (peacemaking).
• En 1992-1995, en Somalie et dans l’ex-Yougoslavie, il s’agit d’opérations militaires à vocation humanitaire (peace enforcement).
• Depuis 2000: peacekeeping robuste avec usage de la force possible (ex en République démocratique du Congo).

La Genève internationale

• Les activités qui avaient démarré dans le cadre de l’art. 23 du Pacte de la SdN se poursuivent dans les organisations des Nations Unies mise en place après la Seconde Guerre mondiale: Organisation mondiale de la santé en 1948, Organisation météorologique mondiale en 1949, Agence des Nations Unies pour les réfugiés en 1951, etc.
• L’ONUG emploie plus de 1’600 employés (en 2022) et organise environ 10’000 conférences par an, ce qui en fait le centre le plus dynamique après le siège de New-York, et également un lieu très important de la diplomatie multilatérale. De nombreuses questions en lien direct avec la sécurité collective, comme le désarmement, les droits humains et la protection des réfugiés sont en effet traitées à Genève.
• Aujourd’hui la Genève internationale c’est:
  • 38 Organisations internationales.
  • 420 ONG.
  • 177 Etats représentés par une mission permanente.
  • 18 Plateformes.
• La Genève internationale contribue à la paix par:
  • La collaboration technique dans de multiples domaines.
  • S’engage en faveur du droit international humanitaire, la protection des droits humains et la coordination de l’aide humanitaire.
  • Lieu de négociations internationales.

La Suisse et les Nations Unies

• Membre de la SdN en 1920 mais de l’ONU seulement en 2002.
• Rôle de bons-offices.
• Priorités pour la Suisse depuis qu’elle est membre de l’ONU: opérations civiles de promotion de la paix, désarmement, droit humanitaire.
• Création du Conseil des Droits de l’homme en 2006 à Genève.
• Membre non-permanent du Conseil de sécurité pour la période 2023-2024.
• Présidence du Conseil des droits de l’homme en 2025.

La politique de bons-offices de la Suisse

• Après 1945 les questions concernant le maintien de la paix sont traitées au siège de l’ONU à New York, néanmoins la ville de Genève a accueilli de nombreuses réunions afin de faciliter le dialogue entre États partis à un conflit.
• Exemple : conflits au Proche et Moyen- Orient, dialogue entre présidents américains et russes, conflit nord- coréen, négociations sur le nucléaire,…

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